Séance d'habillage!
Bonjour,
Laissez-moi vous présenter, étape après étape, le travail que m'a commandé mon collègue Philippe: la restauration d'un abat-jour plissé, des années 40 environ, qu'il avait sauvé du déménagement d'une de ses aïeules d'Amérique me semble-t-il. Ce fut un travail long et intéressant qui m'obligea à réfléchir sur la chronologie des étapes, à inventer des aiguilles tordues pour coudre à la main, à des endroits inaccessibles (haut et bas du châssis), à calculer et à mesurer la largeur de chaque plis pour que le tout soit régulier et harmonieux! Plusieurs mois furent nécessaires, pas à la suite bien-sûr mais avec des poses plus ou moins longues suivant le problème à résoudre et le découragement ressenti. Comme le dit la fable du lion et du rat:"Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage!"
Après avoir débarrassé l'abat-jour de ses haillons et observé les moindres détails à re-exécuter, je me suis inspirée de ses guenilles pour fabriquer le patron du premier jupon:
Un premier jupon comme ceux qui habillaient les pucelles préparées pour le jour de leurs noces, une sous-jupe, formée de quatre morceaux, simple, presque austère et bien tendue aux armatures, pour constituer un dernier rempart à tout élan trop vif, à tout éclair trop lumineux!
Un premier jupon bien ajusté et cousu main pour marquer la taille de guêpe de ce corset original:
Puis, ce fut au tour d'un deuxième jupon de se superposer, plus chaleureux et plus raffiné, un véritable tutu de mousseline, constitué de nombreux petits plis évasés comme autant de rayons de soleil.
La difficulté fut de le fixer régulièrement sur le corset... Ce fut un abat-jour "tiré à quatre... non à cent soixante-dix épingles", quatre-vingt-cinq plis obligent!
"Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage!" Comptage des plis et recomptage des plis!!
Puis le miracle survint ou mes calculs tombèrent justes ou les deux à la fois, la superposition des deux jupons était en place, un biais large et uni finirait le tout, en formant deux ceintures, une en haut...
... l'autre en bas, toutes deux cousues à l'aiguille tordue, car si les points devaient être invisibles de l'extérieur, ils devaient aussi le rester à l'intérieur, aucune marque n'était autorisée sur la sous-jupe tendue!
La belle ainsi parée n'avait plus qu'à ... (si ce n'est prendre) trouver son pied:
Un tutu de mousseline, un plissé de jouvencelle,
Des points de chat, des pas en croix,
Une invitation au bal, une danse du bout des pointes...
Je parie que ce matin, une future princesse d'Angleterre, (Kate pour ne pas la nommer), a dû subir l'une de ces séances d'habillage que l'on n'oublie jamais, j'espère que sa séance d'habillage comportait moins d'épingles et de pièces ficelées... Good luck!
A bientôt.